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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 18:52

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Quand, le 25 juin 1962, Claude Cheval démissionne de son poste de maire après à peine deux ans et demi de mandat suite à son incroyable victoire sur le Dr Cuche, héros de la reconstruction de la ville, on peine à prédire qui pourrait lui succéder. La presse qui, dans son ensemble n’avait jamais pu faire le deuil de l’époque Cuche en vint même à immédiatement demander la démission collective de l’équipe sortante appuyée, bien sûr, par une opposition qui, déjà, affûtait ses couteaux, sentant proche l’heure de la revanche. Évidemment ça ne se passera pas comme ça… et il faudra même attendre 20 ans l’alternance… toujours d’ailleurs en traînant la casserole du marché couvert. Mais nous n’en sommes pas encore là. Le camp Cheval, sans son chef de file, serre néanmoins les rangs. Solidarité électorale aidant, et Georges Coeuret déjà âgé ne briguant pas la place, il fait corps autour de Paul Guinebault, le jeune notaire (que nous avons vu arriver à Saint-Hilaire au chapitre précédent en 1956) et qui a déjà une grosse clientèle rurale. Il est jeune (né en 1925), dynamique, disponible et tout frais élu, sait présider avec aisance les championnats de France cyclistes le 22 juillet 1962, remportés cette année-là par Baldassaroni. Il sait se montrer habile, rallie aux postes d’adjoints quelques vieilles figures (dans l’ordre : Georges Coeuret, Victor Roussel, Jean Bourgeois) grands artisans de la reconstruction et qui connaissent toutes les " ficelles " de la vie locale..

L’opposition piétine. En l’absence du Dr Cuche désormais retiré sur l’Aventin, son chef de file naturel est Claude Lehec brillant agrégé, philosophe, un brin " horsain " au départ, mais que sa rapide et intelligente adaptation à la vie locale désigne clairement.

Malgré tout, Paul Guinebault, maintenant solidement installé ne part pas de rien. Les courtes années du mandat Cheval avaient amené " des usines ", et son successeur s’attaque dans la foulée au corollaire obligé de l’emploi, le logement.

 

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En 7 ans, de 1962 à 1969, 232 logements HLM sont construits, à mettre en parallèle avec la situation de l’emploi juste après les événements de mai 1968 : 205 chez Allardi, 220 à la Sapiem, 35 chez Ecolivet, 41 chez Lechapelais, 24 chez Junca, 27 chez Ceyde, 39 chez Martinaud et 48 chez Marquer.

 

Élu Conseiller général en 1964, contre Claude Lehec, Paul Guinebault a alors les coudées franches pour lancer plusieurs projets " structurants " comme on dirait aujourd’hui : salle omnisports, transformation du C.E.G (Collège d’Enseignement Général) en C.E.S (Collège d’Enseignement Secondaire), mais aussi quelques nouveautés, comme en ville les premières illuminations de fin d’année.

Malgré tout, le dossier épineux du marché couvert reste latent, mais il affiche nettement le dilemme : " choisir le marché couvert, ou sacrifier l’expansion de la ville ". Les élections de mars 1965 le confirment comme maire et montrent bien aussi que la population balance encore sur ces choix décisifs qu’il explique bien avec le recul : " Saint-Hilaire avait changé. On croyait dur comme fer que c’était le marché seul qui faisait la force de la ville, mais sans trop voir les importantes mutations de l’agriculture qui se faisaient jour peu à peu. La petite ferme de 8-10 hectares, forte apporteuse du marché aux veaux s’estompait, de même que s’accentuait la différence avec Fougères, clairement marché de marchands ".

La route bien dégagée, maintenant qu’il cumule les charges de maire et de Conseiller Général, il peut donc inaugurer le nouvel Hôtel de Ville (17 octobre 1965) qui avait tant fait couler d’encre, et la salle des fêtes (16 mars 1966). Le logement reste nettement la priorité : il y a 920 élèves au groupe scolaire (dont 370 au CES, 350 en primaire et 200 en maternelle). 620.jpg

 

Au conseil général, Paul Guinebault que ses plus proches collaborateurs décrivent comme " un homme faisant preuve de dynamisme, d’esprit d’initiative, de clairvoyance et de souriante autorité " se coule aussi aisément dans la peau du " notable de province ", l’exemple il est vrai, avec Léon Jozeau-Marigné, venant d’en haut. Il est ainsi durant 9 ans, animateur de la commission des affaires économiques, section tourisme et rapporteur de la commission habitat et construction. On le retrouve aussi président du Syndicat mixte pour l’aménagement du lac de Vezins, à l’origine du Syndicat de transport scolaire et de l’Office Municipal Culturel et Sportif.

Son bilan est néanmoins contesté aux élections de mars 1971 par l’industriel Maurice Cauny et il doit affronter une liste menée par René Billaud. Il est cependant bien réélu le 28 mars avec comme adjoints : MM. Georges Coeuret, Victor Roussel, Louis Dudognon, William Saint-Raymond, mais le malaise des mutations agricoles (il y avait eu des manifestations déjà en janvier 1969) auquel s’ajoute celui du commerce face à la montée en puissance de ce qu’on n’appelle pas encore " les grandes surfaces " fait revenir au premier plan… le marché couvert ! Dès mars 1974, c’est un signe qui ne trompe pas, les maires du canton, à dominante rurale, refusent la constitution d’un Syndicat à vocation multiple. Cette période (1972-1981) est aussi celle où le marché, dans sa formule actuelle, en centre-ville décline inexorablement : dans ce laps de temps, les veaux se maintiennent encore (de 39.600 à 36.800), mais porcelets (37.800 à 7.750) et moutons (15.200 à 7.900) s’effondrent.

Paul Guinebault le reconnaît : "  un nouveau marché couvert aurait coûté des sous, et gêné le commerce local. A l’extérieur on avait aussi l’impression que ce n’était plus le boulot de la ville. L’arrivée des grandes surfaces a aussi bouleversé les données  ".

De fait, dans ces années-là, les commerçants trouvent en Gilbert Macé, un héraut pour analyser et stigmatiser, longtemps avant tout le monde les dangers d’un commerce qui évolue vitesse grand V vers les " hypers " et autres " mammouths "...

Aux élections de mars 1977, Paul Guinebault doit cette fois affronter trois listes, une emmenée par Me François Lefort, mais aussi et surtout c’est le grand retour de Daniel Cuche ! la campagne est dure et retrouve le ton de celles d’après-guerre. Il y a des tracasseries au tribunal administratif, mais Paul Guinebault est néanmoins réélu le 28 mars. Sur la liste Cuche, un jeune inséminateur Michel Ganné arrive à la commission foires et marchés. C’est alors évident, la municipalité en place est sur la défensive : le Dr Cuche toute l’année 78 anime des réunions de quartier où on reparle bien sûr de l’arlésienne du marché couvert, tandis que Michel Ganné, profession aidant, " bat la campagne ". En 1979, porte-parole du groupe, il propose même un référendum local sur la question. En fin d’année, la municipalité en place à son tour s’interroge, tandis que toujours dans la même mouvance rurale, le problème des abattoirs se fait jour.

612.jpgFin janvier 82 se crée même une commission " pour un marché couvert à Marly " dont fait partie Michel Ganné… juste avant les élections au Conseil Général. Le sortant affronte Michel Ganné, un candidat qui en 5 ans a su bâtir un projet cohérent, mais il s‘est surtout aliéné la sympathie des maires du canton qui lui envoient dans les pattes un 3ème candidat, Jean Guinguain, maire de Saint-Martin de Landelles pour partager encore plus les petits pains. Michel Ganné l’emporte de peu peaufinant son personnage " d’anti-notable " qui réunit aussitôt dans la foulée à Virey les maires du canton, et met en route dès septembre une étude sur un projet de marché couvert.

 

En face, on sent bien que la prochaine étape sera la mairie de Saint-Hilaire, échéance toute proche, trois mois plus tard les 6 et 13 mars 1983. Cette fois encore c’est un troisième larron (une liste d’Union de la Gauche)… eh oui !, nous sommes en pleine " vague rose " emmenée par M. Coupé qui bouscule la donne. Au 1er tour Paul Guinebault n’a que 68 voix d’avance et la Gauche avec 357 peut se maintenir. Au second tour, c’est encore plus serré, Michel Ganné n’a que 8 voix d’avance, mais nouvelle loi électorale aidant, cela donne 14 sièges de différence ! Paul Guinebault beau joueur dira " nous nous inclinons devant la nouvelle loi électorale ". Michel Ganné passe 20 élus, Paul Guinebault 6 élus (dont lui-même), mais démissionne aussitôt, la Gauche 1 élu (M. Coupé).

Le 18 mars 1983 bascule dans une nouvelle ère de 20 ans, celle qui verra le tournant du siècle.

Les dernières pages de cette chronique ont montré combien Saint-Hilaire s’est transformé, du fait des destructions de la Libération, mais aussi de par la volonté de ses habitants. La période " reconstruction " fut marquée par la personnalité emblématique du Dr Daniel Cuche, sans que ses successeurs aient fait dévier la dynamique, sauf dans le cas du marché couvert. Le court intermède Claude Cheval favorisa l’arrivée des " usines ", puis les trois mandats Guinebault bétonnèrent l’aspect " social " : logement, infrastructures communales, collectivités, etc…

Ayant privilégié l’aspect " politique " de ces municipalités de l’après-guerre, nous allons tenter d’en résumer brièvement le fil des événements, " l’écume des jours " en quelque sorte.

En 1960, on pouvait considérer que les travaux de réparations des dommages subis par notre église au cours des bombardements de 44 étaient achevés ; après le gros œuvre, les cloches, les autels, le grand orgue et le parvis (en 1957).

Le grand événement de l’année 1964, c’est la mise en service en avril du " nouveau marché " entre l’église et la future mairie.

Dans le même esprit, le 17 mai, le Préfet Dubois-Chabert pose la première pierre du nouvel Hôtel de Ville. La mairie jusqu’ici dans l’ancienne école des filles est transférée dans les nouveaux locaux (10 janvier 65) qui sont inaugurés quelques mois plus tard (17 octobre) en présence du bourgmestre de Zierickzee.

Mais la grande affaire de l’époque, c’est le scandale financier qui secoue l’office d’un ancien greffier de Justice écroué pour abus de confiance et détournement de fonds.

Fin 1964 aussi on voit loin, à l’horizon 1970 pour la création d’un projet de piscine (olympique, s’il vous plaît) sur le terrain du château d’eau près du stade. Mais Avranches, bien appuyé par son sénateur maire, tout puissant, dégainera plus vite.

624.jpgLe 16 mars 1966 est inauguré le Rex, et le 15 septembre mis en service l’Institut Médico Pédagogique (I.M.P) qui ne tiendra pas tout à fait 20 ans (fermeture le 30 juin 1985). La jeunesse, celle du baby-boom de l’après-guerre préoccupe tout le monde, et en février 1967 c’est la naissance de la Maison des Jeunes (président Raymond Maulavé) à la Pêcherie, complétée par un " mille clubs " en avril 1969. Cette maison fermera en juin 1975.

 

La période est néanmoins marquée par l’effervescence de l’époque : inauguration du collège Immaculée en avril 1967, à laquelle réplique quelques semaines plus tard le 4 juin la fête de la Fédération Départementale des écoles laïques. La salle omnisports Lecroisey étant inaugurée avant la fin de l’année, en septembre.

En janvier 1968 (5.302 habitants au recensement, y compris scolaires), les premières inondations frappent le quartier de la Richardière et envahissent l’usine Allardi. En février, l’hôpital inaugure un nouveau service médecine (Directeur M. Petitjean).

Le 30 Juin, à l’église, a lieu le baptême du bourdon " Hilaire " qui bien qu’ayant pourtant été remis en état en 1952 s’était éteint. La cérémonie a eu lieu en présence des parrains et marraines : MM Lechaplais, Couteller, Mmes Brodin et Cauny, (qui l’étaient déjà en 1952) et le docteur Jean Gautier remplaçant M. Lerebourgs-Pigeonniere, décédé, Mme Guinebault, remplaçant Mme Motte, également décédée.

En novembre de cette même année, le projet de piscine est toujours d’actualité.

Les manifestations paysannes qui ont précédé (22 janvier 69) n’empêchent pas l’inauguration du boulevard des Vallons, tandis qu’avec la démission en mai 69 du chanoine de Brix, remplacé le 24 août par le doyen Pierre Viel, c’est une grande partie du souvenir de l’immédiat d’après-guerre qui s’estompe.

Les 14 et 15 septembre 1969, Saint-Hilaire et le V.C.H organisent l'arrivée et le départ d'une étape du Tour de l'Avenir.

En 1970, la ville continue sa restructuration, monte une station d’épuration aux Pare-balles, inaugure le nouveau groupe scolaire Lecroisey (18 juin 72) et la résidence des Hirondelles pour personnes âgées (29 juillet 72), mais, a fermé un an plus tôt le trafic marchandises de la gare.

C’est l’époque de l’arrivée de nouvelles figures dans la vie locale : Charles Vivien (13 septembre 71) succède à M. Merlet au secrétariat de mairie, et Albert Lemaréchal à M. Lamotte démissionnaire, à l’Office de Tourisme.

Le 7 avril 1973 le Lycée Technique d’État du machinisme agricole prend le nom de " Lycée d’État Claude Lehec ".

Le 16 décembre 1973, la fête du centenaire de la consécration de l’église donne lieu à de nombreuses manifestations avec les amis de Zierickzee.

En 1975 la société des courses de chevaux est dissoute et fusionne avec celle de Vire au moment où on inaugure les locaux de la nouvelle Gendarmerie, et aussi (le 11 mars) un nouveau service de maternité à l’hôpital.

En mars, le décès de Georges Gavard, vice-président du V.C.H et en avril celui de Michel Pelchat champion du monde de cyclo-cross en 1967 à Zurich frappe de stupeur tout le milieu sportif.

C’est une année fertile en faits divers car le 6 août c’est l’incendie spectaculaire de la Verte Campagne, restaurant tenu par M. et Mme Poisson, suivant de peu (29 août) l’agression de deux jeunes auto-stoppeurs étrangers dont le viol d’une jeune fille par trois individus de la région.

En 1977 la Maison des Jeunes fermée depuis 1975, reprend vie sous l’impulsion de Patrice Garnier et Patrick Lecoq.

Le commerce Saint-Hilairien n’est encore que partiellement atteint par le syndrome " grandes surfaces " puisqu’il y a encore 34 débits de boissons, 15 garages cycles et autos, 42 commerces d’alimentation.

C’est aussi le plein boom pour le journal La Gazette quittant le centre-ville pour les terrains du Bas Cerisier, sur la route de St James (20 octobre 77), installation qui sera définitive l’année suivante (12 juin 78).

En fin d’année (28 novembre) c’est le mystère du double crime de la Caisse d’Epargne : hold up ayant échoué, effectué par un " local " qui aurait pu être reconnu ? L’affaire n’est toujours pas élucidée à ce jour.

En juillet 1979 le conseil municipal donne un avis défavorable à la construction d’une grande surface aux Isles. Qu’à cela ne tienne, en septembre un " Leclerc " (directeur M. Turpin) est inauguré à la sortie de la ville vers Domfront, à peu près dans le même temps où se crée la société des transports Jourdan qui connaît ensuite un fort développement.

Le 1er août 1980, Serge Potier est nommé secrétaire de mairie.

En octobre est installée la passerelle du Pont de Bretagne par les Ets James de Brécey : c’est un bel ensemble de 35 mètres et de 13 tonnes.

Le 12 juin 1981, le judo (125 licenciés) vole de ses propres ailes sous l’appellation nouvelle " Tatami Saint-Hilairien ", présidé par Jean-Claude Laffargue.

A la fin de l’année, retour du projet d’aménagement de marché couvert .

Michel Ganné, conseiller municipal et membre de la commission " foires et marchés " propose l'aménagement d'un marché couvert, toujours à installations mobiles, mais situé en " centre-ville " (sur la place derrière l'église à l'entrée du Bd Gambetta).

En 1978, il avait présenté en réunion de conseil un projet d'aménagement de marché couvert polyvalent qui aurait pu se situer à " Marly ".

Nous verrons par la suite que c'est cette solution qui sera finalement retenue lorsque Michel Ganné sera élu maire en mars 1983.

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