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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 11:58

Michel Ganné

 

au tournant du siècle

 

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Dans l’esprit de notre préambule, on remarquera que Michel Ganné, on l’a vu au chapitre précédent où il a conquis le siège de Conseiller Général, s’était vu mettre " le pied à l’étrier " comme on dit, comme élu d’opposition dès 1977, sur une liste dont la figure emblématique était le Dr Daniel Cuche, le reconstructeur de la ville.

L’époque malgré tout avait beaucoup changé. Dans l’immédiat après-guerre, qu’il s’agisse de reconstruction (époque Cuche), ou de logement (ère Guinebault), l’État intervenait encore massivement en ouvrant largement les cordons de la bourse. En 1983 il fallait non seulement avoir des idées, mais encore… trouver le moyen de les financer !

Des 4 mandats successifs de Michel Ganné sur le plan politique, il faut retenir deux périodes bien distinctes nées d’abord de scrutins fort serrés. Le 6 mars 1983, sur 3.418 électeurs inscrits, Paul Guinebault est en tête de 68 voix au premier tour. Au second, Michel Ganné, le devance de 8 voix ! Michel Ganné a donc 20 élus, Paul Guinebault (qui démissionnera aussitôt, suivi de son adjoint W. Saint-Raymond, et plus tard en décembre de Roland Bernard) 6 élus, et l’Union de la Gauche 1 élu, M. Coupé. On voit bien, par ce scrutin que nous sommes dans l’après 1981, caractérisé aussi par un fort mouvement " anti-notables " qui sera aussi fatal à d’autres caciques du Sud-Manche, qu’il s’agisse de Léon Jozeau-Marigné (Avranches), ou encore Gabriel Destais (Mortain

Ce premier mandat, qui enregistre 11 démissions en 3 ans, voit se déliter tout à la fois l’opposition liée à la précédente municipalité et aussi, à partir de 1988, le camp même du vainqueur qui connaît des désaccords sur l’extension de la Fosse aux Loups et des grandes surfaces. Ils entraînent la démission de deux adjoints, MM. Macé et Durand…qui rejoignent aux élections de 1989 un nouveau venu portant un nom célèbre, le Dr Jean-Louis Cuche ! Il est le fils du reconstructeur de la ville qui rate de peu son entrée avec un déficit de 77 voix au second tour. Avec 6 élus, il se lance dans une opposition active qui s’affaiblit peu à peu (démissions le 12 octobre 1990 de Gilbert Macé, puis, le 22 mai 1992 de Pierre Durand, les transfuges de la liste Ganné). M. Coupé pour la gauche vote toujours peu ou prou avec la majorité. A l’élection du 5 mars 1995, ce rapport de forces est confirmé et plus encore au tout dernier scrutin du 11 mars 2001.

Sur le plan de l’action municipale pure, tout s’est donc joué au départ, et ensuite à la charnière cruciale de 1989, Michel Ganné " déroulant " ensuite après 1995 un raisonnement plus axé " bassin de vie Saint-Hilairien " que nous le verrons développer un peu plus loin en conclusion.

Mais revenons à ses premiers pas à la mairie. Depuis 1977 comme élu de l’opposition, et avec le projet de marché couvert comme catalyseur d’une ambition qui va se construire peu à peu, il s’était aussi rendu compte que la " ville de la campagne ", essentiellement rurale et commerçante allait devoir évoluer et s’adapter. Il avait assurément une " vision " d’un avenir d’incertitudes,ou pour le moins que Saint-Hilaire ne pourrait jouer éternellement de la " rente " marché-Saint-Martin.

Dans cette période d’avant décentralisation (1982) il préparera par exemple d’autres chantiers comme le centre de secours ou le camping qui seront réalisés plus tard.

Ancien vice-président de Chambre d’agriculture et donc, à ce titre déjà bon manieur de dossiers il reconnaîtra aussi sportivement bénéficier à son entrée à la mairie d’une situation financière saine : " on voyait bien qu’il y avait pas mal de choses à faire au regard des évolutions de la société : un urbanisme étouffé par son marché, une circulation à revoir aboutissant à l’entonnoir du carrefour central, le réaménagement des places, une foire Saint Martin ayant triplé son nombre de visiteurs depuis sa reprise de l’après-guerre ".

Sur le plan social quelques nuages noirs s’amoncelaient à l’horizon : Manufo-Fougerolles licenciait dans le textile 339 ouvrières dont 39 de Saint-Hilaire, la Setadec (bois) 33 salariés sur 120, Junca (électricité) 15 sur 49… Il y avait 435 demandeurs d’emploi sur le canton !

Posséder les deux casquettes de maire et de conseiller général eurent alors une certaine utilité : " bien secondé par un efficace secrétaire général de mairie) juste après la décentralisation, le fait d’avoir plusieurs dossiers sous le coude était un avantage car beaucoup d’enveloppes étaient prévues… et le département manquait de dossiers "! " Au plus fort la pouche " comme on dit en campagne, Saint-Hilaire put ainsi décrocher " la queue du Mickey ", c’est-à-dire un marché couvert (environ 8,2 millions de F subventionnés à 55 % !), la station d’épuration, la réorganisation foncière, les plans d’eau.

Le second mandat (1989) se joua un peu au " ça passe ou ça casse " avec des tensions sur l’urbanisme commercial, mais aussi sur le devenir de l’hôpital qui occupa longtemps le devant de la scène, mais occulta de manière opportune pour la municipalité en place le problème tout aussi épineux du réaménagement foncier (1987-1990). Ce furent 5 années difficiles où se joua le réaménagement complet du centre-ville : la reconstruction avait en effet remis debout les immeubles, mais les réseaux étaient à revoir. Le dossier, d’un coût important, fut là encore, bien défendu et soutenu et permit, de manière connexe, de refaire les parkings, les contre-allées, le fleurissement, le mobilier urbain. Dans le même temps (1991), était acheté le monastère des Clarisses, et se jetaient (fin 1992) les bases de l’intercommunalité en passant du SIVU au SIVOM puis à l’EPCI. La signature le 1er mars 1995 du contrat de " petite ville régionale " concluant une période certes agitée, mais faste en réalisations dont on constate aujourd’hui l’utilité.

Après 1995, le 3ème mandat avec les coudées plus franches face à une opposition s’essoufflant et une équipe soudée permit de voir plus large : " il fallait maintenant raisonner - poursuit Michel Ganné - en terme de bassin de vie. Le monde rural avait encore évolué en 20 ans, et les fermes de 60 hectares plus nombreuses que celles de 10. L’industrialisation des trente glorieuses était derrière nous au tournant du siècle et la perte de nombreux services publics tout autour servait encore le destin de petite ville régionale que nous venions de signer ".

Saint-Hilaire dut donc tenir compte pour ses aménagements futurs de nouveaux paramètres liés aux nouveaux modes de consommation, d’une " zone de chalandise " de 30.000 habitants et 18.000 emplois salariés ! C’est à l’aune de cette faculté d’adaptation que voudra être jugé le chef de file de la municipalité sortie des urnes en mars 2001 avec, cette fois, une majorité beaucoup plus confortable : " on peut regretter le déficit et la difficulté d’acquisitions foncières qui, de toute façon se restreignent avec le temps, mais nous sommes parvenus à réanimer et à rendre attractif le centre-ville, à trouver de la place (voir la place Delaporte qui était déserte en 1985) réaliser des équipements en phase avec notre époque, et souscrire aux nécessités du monde associatif. Dans l’ensemble, les Saint-Hilairiens ont bien adhéré à cette vision qui était celle de faire évoluer leur centre ville. On peut espérer en recueillir les fruits aujourd’hui " ..

Les problèmes de l’hôpital datent du 30 juin 1985 avec la fermeture de l’IMP (Institut Médico Pédagogique) et le devenir de l’établissement va régulièrement défrayer la chronique ensuite avec mi 88 l’affaire Guiet (accusé d’enterrer l’établissement) puis Mumtaz (vu comme le " sauveur ", mais qui n’avait pas les diplômes ad hoc).

Le 10 juin 89 une manifestation réunira 1.000 participants et en juillet 91 on descendra encore dans la rue pour demander un poste d’anesthésiste pour une chirurgie redescendue à 20 lits… que le conseil d’administration en avril 1996 décidera de fermer par la plus courte majorité 10 voix contre 9 ! Une " marche funèbre " dans la foulée, " enterrera " le service, mais en avril 1999 on verra encore des manifestations pour les urgences, et des débrayages pétitions en 2001 sur la politique suivie par la direction. En zone rurale, face aux réductions drastiques des moyens des services publics, le devenir de l’établissement est toujours pendant...

Sur le plan associatif il faut noter, en juin 1984 le 900ème anniversaire de la ville la même année l’éclairage du stade, et en mars de l’année suivante le premier jumping honoré de la présence deux années de suite (1994 et 1995) de l’infante d’Espagne.

Le premier relais pédestre cantonal eut lieu en juillet 85. 1986 fut l’année de la fusion RSH-Parigny en tennis de table (président Claude Lacour), de l’arrivée le 10 juillet d’une étape du Tour de France cycliste remportée par Ludo Peeters avec dans le peloton la présence de l’enfant du pays, Jean Claude Bagot. Le même jour, Jeannie Longo remportait l’étape du tour féminin.

En 1987, l’Élan Artistique fêta ses 40 ans, tout comme le Lycée d’Enseignement Professionnel Agricole (L.E.P.A) l’année suivante.

En 1988, naîtra au L.E.P.A l’association d’amitié franco chinoise lors de la venue de 32 étudiants chinois de la province de An Hui, qui sera suivie 8 ans plus tard de la visite d’une délégation officielle de ladite province

Sur le plan sportif, les " Rollers " se mettent en vedette en 1993 avec Médéric Dodard, champion de France puis champion d’Europe en 1997 et la même année Eloïse Prével également championne de France.

En tennis de table, Éliane Charbonneau (de la R.S.H devient championne de France vétéran.

En 1994 à l’occasion du 50ème anniversaire du débarquement, le ciné vidéo photo club réalise un film "  Été 44 Mortain " avec le concours de la troupe de l’Élan Artistique.

Et au presbytère on érigera en présence de l’abbé Bochef une stèle en souvenir des 16 victimes tuées au cours des bombardements.

Au centre de secours Pierre Chrétien inauguré le 22 septembre 84, Marcel Juhé qui succéda à André Garnier en 1985, eût à gérer :

La piscine dont on parlait déjà avant guerre, sortit des cartons en 1992, pour vraiment être prise en compte par la Communauté de Communes en même temps que la création de l’Office Culturel Social et Sportif (O.C.S.S) en mars 1997. La première pierre fut posée le 15 mars 2003, et l’inauguration le 6 mai 2004.

Dans cette période le marché couvert, décidé en octobre 1983 fut inauguré le 20 septembre 1986. Après un an de fonctionnement il avait commercialisé 51 522 animaux mais sans atteindre, du fait des quotas laitiers, l’objectif des 50 000 veaux par an.

Début 1990 les Clarisses étaient parties et en mai 1992 l’ancien couvent accueillait déjà le Conservatoire de musique et de danse qui fusionnait deux ans plus tard avec la Jeanne d’Arc. En juin 96, c’était au tour des trois dernières sœurs du Sacré Cœur (après 70 ans de présence à Saint Hilaire !) de quitter la ville. Mais l’esprit de spiritualité de toutes ces religieuses restait bien inscrit dans la ville avec le Musée d’Art Sacré inauguré le 26 mai 2000. La paroisse elle-même s’étant modernisée depuis février 96 sous la forme de " Saint-Hilaire 2000 " regroupant l’ancien doyenné.

Ce qui a fait causer ? Outre les faits divers développés par ailleurs à remarquer le 1/10/84 la fermeture de la décharge du Cerisier qui fumait sans cesse, et pendant ce même été, le scandale Levionnois (abus de confiance et détournement de fonds).

La fermeture de la gare fut controversée : le dernier train de marchandises y fut signalé le 24 septembre 1989, mais la fermeture définitive et officielle n’eut lieu que le 5 février 1993, et on attendit quelque temps un maintien au moins " touristique " de l’activité qui sombra en 1990 avec l’échec du train vapeur. La démolition finale du bâtiment voyageurs (17 juin 1996) termina l’activité ferroviaire (après 107 ans d’exploitation) de ces voies qui devinrent désormais " pédestres ".

Dans le même quartier, l’avenir de l’abattoir fut longtemps incertain : mi 86 la ville y investit 926 MF alors qu’il y avait encore 17 salariés et 15 à la boyauderie, mais fin 89 l’établissement était en redressement judiciaire, puis en avril 1994 en dépôt de bilan. Depuis la reprise par MM. Béchet et Poulain en janvier 1995 et un transfert le 30 janvier de l’année suivante à la Communauté de Communes, celle-ci y a consenti d’importants investissements en 1998 (chaîne moutons) qui, en l’ adaptant aux normes européennes ont garanti sa pérennité.

La disparition de quelques figures de la vie locale dont on trouvera plus loin la biographie : en 1983, Fernand Lehec et Daniel Cuche, en 1986 Charles Jaunet, en 1987 Marin Marie, peintre de la Marine (qui avait achevé le 31 juillet 1985 sa fameuse fresque du salon d’honneur de l’Hôtel de Ville), en 1995 Maurice Boulay grand sportif et un temps président de

l’USH et en fin d’année le chanoine de Brix premier curé de Saint -Hilaire sous les ruines. Ils avaient respectivement 92 et 94 ans. En 2003, Claude Cheval, ancien maire et en 2004 Jean Lamy, enseignant, inlassable animateur de l’école laïque et de la scène sportive, notamment en cyclisme et tennis de table depuis le début des années cinquante.

Au cours de ces trente dernières années, la municipalité continuera d’apporter beaucoup d’attention à l'entretien de l’église et à son embellissement :

De son côté, le baptistère subissait, lui aussi, quelques travaux avec son illumination en 1970, la restauration en 1985 de la couverture en aissentes de châtaignier (plaques de bois taillées à la main), la pose d’une croix en granit sur son faîte, la restauration en 1994 des fresques de Marthe Flandrin par Jean-Paul Froidevaux, neveu de Madeleine Froidevaux qui avait réalisé la cuve baptismale lors de l’aménagement de la tour en baptistère en 1947

De tous les monuments de Saint-Hilaire, l’église est sans contredit celui qui attire d’abord les regards, plus encore depuis sa mise en lumière en 2003. Que l’on descende des coteaux de Virey, de Parigny ou des Loges Marchis, on l’aperçoit, dominant la cité, sa silhouette évoque une petite cathédrale. La population en est fière, n’est-ce pas l’évêque de Valence qui, un jour, la voyant, plein d’admiration dit " que ne puis-je l’emporter avec moi pour en faire ma cathédrale "

 Dans la relative continuité des maires sociaux ou disons " progressistes ", Lelièvre et Cuche, plutôt que de celles des élus " de rupture ", Cheval et Guinebault, Michel Ganné occupe une place importante, sur un long laps de temps (4 mandats) et surtout dans une époque d’évolutions démographiques et sociales considérables dans le Sud-Manche. ● l’ouragan du 15 octobre 1987 .tempête en janvier 1990 moins forte toutefois que celle du tournant du siècle le 26 décembre 1999.les incendies en 1989 de la Setadec et des Ets Edipfar .mais aussi les inondations de mars 1990, janvier 1995 et novembre 2000.enlèvement de la table de communion en 1979.restauration du petit orgue en 1980 et de la rosace en 1989.installation des deux horloges et d’un chauffage au gaz en 1994.

 

 

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